Comment suis-je arrivée là ?

Ma conscience est ainsi faite qu’elle aime à s’envoler, se dilater, à se promener sur les rives du temps.

Fillette déjà, j’abandonnais, chaque nuit, avec délices, ce corps si lourd qu’il semblait de plomb, pour aller voguer, minuscule goutte de lumière, dans l’immensité « d’avant de naître ». Autant dire que sortir de mon corps et aller me promener dans les vertes prairies de l’Au-delà fut,  venu l’âge adulte, un jeu d’enfant. Aussi ramènerai-je de ces voyages, en particulier de l’un deux au pays de la Sphynge, une certaine « con-naissance » et un brin de sagesse.

C’est à 38 ans que, sans préambule ou presque, je m’éveille à une autre dimension, hors du temps et de l’espace communément admis, inscrite dans une spirale de feu. La vision est à 360°, la connaissance intuitive, globale, fulgurante, le temps aboli. Durant trois mois, je suis enseignée nuit et jour. L’Esprit qui nous anime ne dort jamais.

A partir de ce moment-là, je ne vivrai plus qu’en état de reliance, c’est-à-dire dans un état de présence totale et immédiate au sein d’un univers  que je qualifierais volontiers d’éluardien, un univers où « tout se touche, tout te traverse »; mes entretiens de clairvoyance  immanquablement se déroulent au présent de l’indicatif, déroutant quelque peu le consultant non averti mais venant appuyer ce propos de René FOUERE :

 

« Le présent est l’essence vivante et la totalisation du passé… Comme le futur n’est rien d’autre que le présent profond… Le présent est sans cesse le total, exprimé du passé et le total, à exprimer, de l’avenir »

Prière en marche, méditation, renoncement ont creusé mon ermitage.
Entièrement vouée au monde de l’esprit, je cheminai lentement mais inexorablement jusqu’ à cette croix du chemin qui ouvre la voie aux quatre points cardinaux, là où, en France, sur nos routes de campagne, se dressent les calvaires :

 

 

« Veille…

Veille toujours, veille encore,

Réveille maintenant ton chant de terre, ton chant de mer,

Tu es aux quatre temps, aux quatre vents, au cardinal,

Le cadran guide ta vie et tu laisses agir et tu laisses faire

Et tous te suivent et toi tu rejoins. »

(Even Guil « Naissance »)

« Sans besoin, sans désir, sans vouloir, sans espoir »

Et, de ce fait, libérée de la matière, voici venu le moment de goûter à la liberté d’Esprit. L’être, balloté au gré d’influences diverses, enfermé dans des dogmes, des croyances, des exotérismes fantaisistes ne sait et ne peut que copier et recopier sans cesse les mêmes phrases, les mêmes mots, les mêmes idées, les mêmes postures. Il tourne dans la Roue du Temps sans trouver la moindre issue, y enfermant ses frères par la même occasion.
Vous comprendrez qu’il faut être LIBRE DE TOUT pour avancer, découvrir, inventer, CRÉER.

« Comprenez l’homme enfermé et comprenez la clé de liberté.

Fantastique travail pour les cœurs vaillants.
Et rien ne sera mâché.
Bouillie n’est plus mesure,
Solide nourriture pour l’homme qui s’aventure au pays de l’Esprit ». 

(Even Guil ‘Olifant »)

Je compris, dès lors, que la clairvoyance pouvait être un formidable instrument psychique nous ouvrant le chemin vers nous-même, vers un SOI, si grand, si sage, si lumineux ! Je l’appelle simplement le Maître Intérieur, ce double UN à visage d’enfant et de vieillard, ce même « enfant aux cheveux blancs » évoqué par Hildegarde de Bingen.

L’homme n’est pas cet automate qui navigue, au jugé et à l’aveugle, au gré d’hasardeux évènements que le devin saura soupçonner à l’avance, dans une vision limitée à l’horizontal.

A son insu le plus souvent, l’homme dessine, façonne, écrit sa vie au gré d’une pensée intimement liée à l’Âme et à l’Esprit. Il ne s’agit pas ici d’une cérébralité mais d’une Pensée majuscule, souveraine et souterraine,  créatrice, qui sommeille encore au fonds de chacune de nos cellules,  auprès de laquelle le Clairvoyant « demanderait audience ». 

L’homme est Maître de son destin, oui, mais dans cette Majuscule et de l’Intérieur ! Comme je le dis par ailleurs, il en est la plume, le papier, l’encre, l’auteur, le lecteur, l’archiviste et pourquoi pas le tout en même temps !

Il ne choisit ni ne subit, l’homme pensant, l’homme relié, il s’ajuste naturellement à sa nature primordiale, à son pouls spirituel.  Libre arbitre et fatalité sont hors du « sujet ».

Le clairvoyant, grâce à ses facultés psychiques, s’instaure « trait d’union », entre le Maître Intérieur (l’Éveillé en veille) et la conscience ordinaire  ( qui sommeille, prête à l’éveil) du cheminant. Il suffit d’un mot parfois, plus souvent d’une métaphore ou d’une allégorie pour que l’être entier tressaille, se « reconnaisse », s’illumine. Comprenant instantanément le sens subtil de sa vie, de son incarnation, sortant de sa torpeur, c’est en conscience éclairée qu’il peut alors cheminer et s’accomplir temporellement et spirituellement.

C’est pourquoi  je baptisai RELIANCE, cette clairvoyance particulière. Michel Oudoul dirait : voilà que la calèche, les chevaux, le cocher et le Passager ne font plus qu’ UN avec le chemin.OUI, car nous sommes Pensée, nous baignons dans la PENSÉE (l’ Esprit),  nous participons de cette PENSÉE.

Libérons-la de sa prison de chair, de son carcan de peurs, d’interdits, de fausses croyances, d’idées préconçues, de préjugés et, alors, l’homme s’accomplira, car l’HOMME se devient, dans le temps d’Éternité,  qui IL EST , il se devient « le Nouvel Adam ».

Comment faire ?

Eh bien, commençons par cesser de regarder le Ciel en espérant recevoir la « becquée » céleste, la manne providentielle, assoupis, endormis tels des nourrissons. Cessons de scruter le ciel en espérant, un signe divin. C’est superstition.

Inclinons-nous vers nous-même et partons à la quête de ce Dieu caché, et percevons dans l’Amour et l’Infinie Miséricorde, le secret de la Vie Éternelle. Et ce n’est pas simple, NON, mais c’est possible.

« Descendez, descendez et découvrez le puits oublié :

Et le premier pas dans « je vis »
Et le deuxième dans « j’aime »
Et le troisième vous nomme
Et le quatrième vous pense
Et le cinq en credo et le six en « je suis »!
Et force ta marche, ose le pas, cœur du sanctuaire,
Septième marche pour l’Homme de la terre.
Et montez, montez, trouvez vos racines
.
Dans l’axe de la croix, canal vertical, cercle vital est le chemin »

(Even Guil « Age du Vivant »)

Mon propos, comme vous le constatez,  s’ourle régulièrement de citations aux contenu et rimes étranges. Il s’agit d’un recueil initiatique appelé EVEN GUIL.

La RELIANCE, cette nouvelle sensibilité psychique, s’est nommée tandis qu’adombrée par une Autorité « d’O-delà » (O = premier souffle), je recevais une initiation sous forme de messages à transcrire, à transmettre.

Ces messages sont un Souffle, un Feu, une Eau venus de nos Ailleurs, afin de contribuer aux semailles, dans le cœur-terre des hommes, d’une nouvelle graine, afin d’y faire germer l’élan vers le Soi, afin de donner un inspir nouveau et que l’homme puisse s’émanciper de sa prison de matière, se délivrer de la souffrance, de la maladie et de la mort.

Rien que cela ?

OUI, rien que cela.